Corruption des juges, casino indien en Floride dépendant de la mafia, tels sont les principaux enjeux du nouveau grand thriller de John Grisham.
Nous voulons tous que nos juges soient honnêtes et sages. C’est la première de nos attentes. Leur intégrité, leur impartialité sont les fondements de notre système judiciaire. Mais que se passe-t-il quand un juge ne respecte pas la loi, quand il se laisse corrompre ? C’est rare, mais cela arrive.
Lacy Stoltz travaille pour le Bureau de l’inspection judiciaire. Avocate, sa mission consiste à mener l’enquête quand on lui rapporte des manquements à l’éthique. Après neuf ans dans ce service, elle sait que la plupart des écarts de conduite sont dus à l’incompétence, pas à la corruption.
Mais parfois de véritables affaires de corruption arrivent sur son bureau. Un avocat, anciennement radié du barreau, reprend du service sous une nouvelle identité. Il prétend qu’une magistrate de l’État de Floride a détourné plus d’argent que tous les juges véreux réunis – ceux du pays tout entier, toute époque confondue.
D’après lui, cette juge serait mêlée à la construction d’un grand casino sur une réserve indienne. La Coast Mafia a financé le casino et se sert aujourd’hui largement dans la caisse. La juge, qui reçoit sa part du butin, ferme les yeux sur ces activités illicites. L’alliance est solide. Tout le monde y trouve son compte.
Mais, Greg Myers veut mettre un terme à cette entente. Non seulement son client connait la vérité et veut prévenir la nation, mais empocher aussi une fortune comme le prévoit l’État de Floride pour les lanceurs d’alerte. Greg Myers dépose donc une plainte auprès du Bureau de l’inspection judiciaire, et l’enquête est confiée à Lacy Stoltz, qui comprend aussitôt que l’affaire risque d’être dangereuse. Le danger est une chose. La mort en est une autre.
La radio diffusait du soft jazz. Un compromis. Lacy, la propriétaire de la Prius et donc de l’autoradio, détestait le rap presque autant que Hugo, son passager, détestait la country. Ils n’avaient pu s’entendre sur rien, même en éliminant d’entrée le bluegrass. Causeries sur le sport, radio publique, vieux morceaux des années 1950, humoristes, BBC, CNN, opéras, ainsi qu’une centaine d’autres stations – rien ne leur convenait à tous les deux. Ils avaient fini par jeter l’éponge et accepter le jazz d’ascenseur. L’une par lassitude morale, l’autre par lassitude physique. Juste un fond sonore, comme ça Hugo pourrait dormir, et elle ne pas être trop dérangée, parce que le jazz ce n’était vraiment pas son truc. Encore un petit arrangement. Depuis toutes ces années qu’ils faisaient équipe, chacun avait appris à mettre de l’eau dans son vin. Il dormait, elle conduisait, et tout le monde était content.
Avant la crise économique, les membres du Board on Judicial Conduct, le service de l’inspection judiciaire, avaient à leur disposition des Honda, des berlines, avec quatre portes, peinture blanche et peu de kilomètres. Avec les restrictions budgétaires, cette petite flotte avait disparu. Lacy, Hugo, comme d’innombrables agents de la fonction publique en Floride, devaient désormais utiliser leur propre véhicule pour leur travail, dédommagés à vingt-cinq cents le kilomètre. Hugo, avec quatre enfants et un emprunt pachydermique, avait une Bronco antédiluvienne qui parvenait tout juste à le conduire au bureau. Ils avaient donc pris la Prius de Lacy et Hugo dormait sur le siège côté passager.
Chapitre 1
Voir Extrait
ISBN : 9782709650700 / Editeur : JCLattès / 05/04/2017
Traduction : Dominique Defert
L’auteur
John Grisham
Avis ENEKAO
Par Kévin
John Grisham excelle dans l’art de captiver ses lecteurs et de les entraîner dans son récit. Ce talent se manifeste pleinement dans ce roman, démarrant avec Lacy et Hugo, deux juristes du service de l’inspection judiciaire de Floride (le BJC). Leur mission : rencontrer un informateur prétendant détenir des révélations sur une juge corrompue. C’est une affaire majeure, un changement radical par rapport à leurs habituelles affaires de juges aux problèmes de comportement, tels que l’alcoolisme ou le harcèlement sexuel.
Cependant, leur service n’a pas le pouvoir d’enquêter sur de telles affaires, seul le FBI en a la compétence. Or, l’informateur refuse l’implication des agents fédéraux. Au fur et à mesure, les informations de l’informateur se précisent : une collusion entre une juge de comté et une bande mafieuse locale pour favoriser l’ouverture d’un nouveau casino sur des terres indiennes au nord de l’État. Mais affronter de tels adversaires comporte des risques considérables.
Ce livre offre un éclairage sur le fonctionnement des réserves indiennes, leur autonomie étendue et l’intérêt de la criminalité organisée pour ces zones hors de portée de la police conventionnelle. C’est ainsi que de nombreux casinos ont vu le jour aux États-Unis sur des terres de réserves indiennes.
L’art de Grisham réside dans sa capacité à maintenir une tension palpable, sans en faire trop. Pas de succession de meurtres, pas de scènes spectaculaires au tribunal… juste la progression ardue d’une enquête dévoilant les rouages de la corruption.